Collection2
Exhibition Catalog
La Fondation pour l’art contemporain Claudine et Jean-Marc Salomon
2009
À chaque épaque sa manière de nous donner à voir le monde: à mi-chemin entre art et science, la démarche de Steve Miller procède de la volonté de l’artiste de prendre en compte les transformations fundamentales qui résultent de l’avènement des nouvelles techniques. Scanner, image de synthèse, moniteur de télévision, radiographie, échographie, analyse génétique, Miller est perpétuellement en quête de nouveaux instruments d’observation. Sans pour autant abandonner la peinture mais en opérant comme un mixte entre l’ancien et les nouveaux modes. La série de portraits qu’il a notamment réalisés dans les années 1980 est emblématique d’une attitude qui ne peut se suffire de la surface des choses. Il n’est plus temps de se contenter de figurer un trait physique ou de caractère, la marque des ans sur le corps d’un modêle ou l’expression éternellement épanouie de son visage. Miller, lui, veut aller plus loin, beaucoup plus loin, jusqu’à découvrir ce qui est caché sous la peau. Il ne fait pas poser ses modèles à l’atelier, il les accompagne à l’hôpital et la séance à laquelle il les soumet n’est pas de peinture mais de radiographie. Steve Miller n’en oublie pas pour autant toute référence à l’histoire, ni à l’exemple de ses illustres aînés. Il leur tire d’ailleurs sa révérence. Il a ainsi salué Courbet et refait ‘L’origine du monde’ non en radiographiant un sexe féminin mais le ventre d’une femme portant foetus.
La série des ‘Vanitas’ que l’artiste a réalisées en sérigraphie utilisant pour pigmenter ses images de la peinture spray émaillée dit son attachement à un genre qui fit les beaux jours de la peinture XVIIe siecle. Le soin qu’il a ici de remettre en jeu les éléments iconographiques propres à celui-ci – bougie, crâne, fleur, etc. – et de les confronter à des protocoles de création pleinement contemporains sanctionne l’intelligence d’une réflexion qui adhère à l’idée de Lavoisier selon laquelle “rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.”